YO, YO, YO


Elle joue avec la feu pour inventer au fer rouge ses figures de fraicheur dans les vergers de Majorque. C'est là, sur les hauteurs de Soller, que Frédérique Charbonneau a appris à maitriser le travail du métal auprès de Joan dans la ferronnerie de Rafael Père Crespi toujours hospitalière aux artistes Forgeronne, alchimiste, maréchale fervente, serrurière, sculpteure, orfèvre, peintre, artiste pluri-indisciplinaire et polyvolante, Frédérique Charbonneau est à la fois de toutes les manigances et de toutes les facéties.
En soufflant sur la braise des forges et sous les flashs des arcs électriques, elle passe de l'âge de bronze à l'âge de fer pour provoquer encore la transmutation du métal en palpable tendresse. Les yeux à la dérive qu'elle attrape dans ses anneaux ont des longs cils d'amibes éperdues.
Dans les têtes de ses créatures et dans les hauts fourneaux de leurs bas ventres, elle a déposé des clés pour tous les songes, forgées pour enlever en douceur toutes les redoutes de la chasteté. Et des arbres comme des sémaphores d'appels intimes murissent des égos juteux comme des prunes qui sont les fruits de ses secrets Parfois elle met du bleu sur le velours de la rouille pour rendre plus troublants encore ses clins d'œil d'orfèvre.

Comme des figures lares, tutélaires espiègles et sensuelles, ses statuettes n'ont pas fini de nous enchanter.

Dominique Eudes